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crubi and dugudule's project
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10 janvier 2008

il a neigé...

ra


    Le petit avançait dans la neige, ses petits pieds tout gelés. Ses oreilles le brûlaient, et il osait à peine bouger un autre membre que ses jambes. Il avait oublié depuis combien de temps il le suivait, et pourquoi il le suivait. Il savait juste que ce grand cherchait un arbre. Et lui, il le suivait, comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Il jeta un coup d' œil vers lui; son écharpe lui tombait sur le dos, et il n'émergeait de son manteau que sa tête et ses grandes oreilles. On ne voyait même pas sa bouche.
    Le petit détourna le regard sur le paysage. Le blanc s'étendait au loin autour d'eux, on avait peine à distinguer le ciel de la plaine environnante. Les arbres ployaient sous le poids de la neige dans leur feuillages. Les traces que laissaient les deux compères dans le manteau neigeux était le seul élément qui venait briser la monotonie, l'immobilité, du décor.
    Le petit sentait ses forces l'abandonner, ses paupières ne lui avaient jamais paru aussi lourdes. C'est alors que le grand se retourna, toujours avec la même expression sur le visage. Il le regarda et pencha le tête sur la gauche. Le petit s'était arrêté, interloqué, et toujours sur le point de s'effondrer.
    -Ça va? demanda le grand sans ciller. Le petit, au prix d'un douloureux effort, leva la tête et ouvrit les yeux.
    -J'ai froid, je ne sais pas où on va, je suis fatigué et je n'en peut plus! débita-t-il comme si il n'avait plus parlé depuis des années.
    -Mais c'est toi qui à choisi de me suivre... Le petit resta immobile un instant, puis déglutit.
    -Tu... tu veux que je parte? demanda-t-il, affolé à l'idée de devoir marcher seul dans la neige. Sans rien dire, le grand le saisit, le posa sur ses épaules et repris sa marche.
    -C'est mieux? s'enquit il.
    -Oui...

    Ils parcoururent ainsi de longue distances, s'enfonçant toujours plus dans la forêt, mais croisant toujours le même paysage morne. Le petit ne faisait pas la différence entre les arbres, pour lui, tous se ressemblaient, il étaient tous horriblement triste. Le grand ne semblait pas s'en soucier; il ne regardait jamais autour de lui, marchait comme si il empruntait ce chemin depuis des années déjà. Ils arrivèrent bientôt dans une clairière, qui s'ouvrait timidement à la noirceur du ciel.
    -C'est la nuit, dit le grand, on devrait s'arrêter ici et dormir. Ce n'était même pas une question, le petit savait qu'il fallait s'arrêter. Il s'installèrent, sans bruit, l'un contre l'autre, pour se tenir chaud. Le grand ne parlait que rarement, et le petit était bien trop épuisé pour laisser libre court à son abondante élocution. Ils s'endormirent ainsi, éclairé par une lune pâle.
    Le lendemain, ce fut le grand qui le réveilla. Le ciel avait repris sa couleur blanche immaculé si ennuyeuse. Et le petit rechigna à se lever. « Je te reprend sur mes épaules? » demanda le grand, qui le saisi sans attendre sa réponse. Le petit ne se sentait pas du tout mieux. Il avait pensé qu'une nuit de sommeil le revigorerait, mais même l'épais manteau du grand ne l'avait pas empêché de sentir la morsure du froid nocturne et l'humidité. À bout de force, et maintenant grognon, le petit se laissa mener par son compagnon sans poser de question.
    Ce dernier ne se souciait d'ailleurs pas non plus du petit. Il se contentait d'avancer, sûr de son chemin. Parfois même, le petit devait s'exercer en acrobatie pour ne pas percuter violemment des branches qui passaient par là.

    Au terme d'une longue et fastidieuse marche, plus pour le petit, impatient et énervé, que pour le grand, toujours aussi contenu, il s'arrêtèrent. Le grand fixait devant lui un rideau de feuillages qui pendait des saules pleureurs, plantés le long d'un maigre cour d'eau.
    -On est arrivé, dit il simplement.
    -Quoi... ici? questionna le petit. C'est pas possible, il y a rien ici, rien que les même arbres, le même ciel, la même neige, rien que tout ces truc blancs, rien que ça! cria-t-il hors de lui. Il écumait, il avait l'impression d'avoir perdu son temps pour rien. La prochaine fois, rappelle moi de ne pas te suivre!
    Mais le grand tendis le bras, et montra les saules, insistant. Le petit le regarda sceptiquement, puis se résolut, de mauvaise foi, à regarder au delà. Il se glissa, de par sa petite taille, sous les arbres, et déboucha juste au bord du ruisseau.
    -Tout est blanc, même l'eau est blanche, tout est comme ailleurs ici, fulmina-t-il, les larmes au yeux. Il leva la tête et ce qu'il vit alors de l'autre coté le marqua à jamais.

    Sur une colline, se tenait un arbre, un unique arbre. Ses branches supportait autant de feuilles, grises, marrons, noisettes, jaunis, que de neige. Les rainures de son tronc traçaient d'harmonieuses courbes noir et grises. Son ombre portait sur le flanc de la colline, et touchait le bord du ruisseau. L'eau était translucide et laissait apparaître le fond vaseux, offrant une toute palette de verts sombres. Autour de lui, les feuilles des saules offrait le spectacle de milles teinte de marrons qui pendaient au dessus de l'onde, et qui gouttaient de temps en temps, brisant ainsi sa surface lisse. Même la neige offrait un spectacle étonnant. Jamais le petit n'aurai pus se douter qu'il puisse y avoir autant de variation dans le blanc. Chaque creux, la moindre empreinte dans la neige, offrait une couleurs d'ombre différente. Derrière ce paysage brillait un astre d'un jaune faiblard, mais qui parut pour le petit aussi lumineux qu'un feu d'artifice.
    -C'est magnifique... dit il, tout en continuant de pleurer.   
    -Ce n'est que l'hiver... répondit le grand, qui s'était avancé à sa hauteur, et dont la tête chatouillait les branches.
    -L'hiver...? Je n'ai jamais rien vu de plus beau...

 

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Commentaires
C
C'est marrant, je relis le texte, et j'avais l'impression de ne jamais l'avoir lu... <br /> ça me donne envie de la reprendre cette BD, dommage que je ne l'ai pas sous la main mainteant!!
K
allez Crubi, un peu de boulot : je t'ai tagué !<br /> ici http://kikile.canalblog.com/archives/2008/06/03/9316838.html
K
Yeah ! Vive l'hiver ! texte tres sympa !
K
Je l'avais vu avant tout le monde celui la !
D
enjoy! Moi je bosserai surement le texte dans la semaine, mais après mercredi (mercredi: bac blanc de philo, revision oblige)
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