naiveté
Alors, texte texte. Comme ton dessin, ce texte représente quelque chose pour moi. Pas quelque chose de précis, plus une sensation... quelque chose comme ça. Que vas tu faire? (te foire pas!! attention!)
Le temps était maussade, et
même si l'on voyait le ciel par quelques trous, le soleil
peinait à percer les nuages. Je marchai sans regarder rien de
particulier, devant moi. Les gens évitaient de croiser mon
regard, m'évitaient, certains même rentraient dans des
magasins sur mon passage. Bandes d'abrutis...
Mes pas étaient bercés par le bruit de mes chaînes sur ma veste. Rien ici ne
m'encourageait à rester, cette rue puait, trop de voitures,
trop de bruit. Et trop de gens. Ces gens, méprisables, stupides,
je les détestai tous. Ils étaient là, à
s'affairer dans ces pseudos magasins de fringues... abrutis par la
consommation. Tous ces gens au regard vide, satisfait du malheur
qu'on leur offre. Si je restai plus longtemps, je risquai d'en jeter
un sous une des ces voitures puantes.
Je pris donc un autre chemin, je
longeai le cours d'eau qui circulait dans la ville. Personne ne
venait ici, il n'y avait pas grand chose; pas de banc, pas de
magasin, les gens ne pouvaient pas s'afficher devant les autres ici,
ils n'y venaient pas. J'allai enfin pouvoir être tranquille. Je
m'arrêtai un moment pour regarder une bande de lycéens.
Bordel, des mecs de mon âge quoi... et déjà abrutis
comme leurs parents, c'était désolant. Les mains dans
les poches, je flanai au bord de l'eau, et levant la tête, je
regardai le ciel, même sans nuage, on aurait peine à le
voir, tout est gris ici, les gens se peignent en rose, mais dessous
ils sont gris... « k'so... » lâchai-je
d'un ton fatigué, en mâchouillant la tige que j'avais
entre les dents.
-Tu dis quoi?
-Hein? Je me retournai et vit qu'en
face de moi se tenait une petite fille. Elle devait avoir six ou sept
ans, et elle se tenait, debout, perchée sur la rambarde du
cours d'eau, les jambes resserrées, ce qui lui donnait un
air de cône à glace. Elle me souriait, se penchant
légèrement en avant pour m'observer. Elle avait les
cheveux bruns coiffés de deux petites couettes. "Qu'est c'tu m'veux?" demandai-je sèchement. Nullement impressionnée,
elle continua.
-ksoo, ça veut dire quoi?
-Kuso... et ça veut dire merde.
-C'est un gros mot ça!
-Bien sur que c'est un gros mot, et
descend de là tu vas te casser la gueule!
-Mais non! regarde. Et elle se mit et
pivoter sur elle même, sur un pied. Enjouée, elle cria en
tournant. T'as vu, t'as vu? Elle s'arrêta d'un coup, puis me
regarda de nouveau. Tu dis beaucoup de gros mots toi!
-Ouai, peut être...
-Pourquoi t'as une tige dans la bouche?
-Parce que j'aime bien... machouiller
quelque chose...
-Ba faut prendre du chouhing gum.
dit-elle. Son élocution me fit rire au fond de moi.
-Ça fait des bulles et ça
perd trop vite son goût...
-Et tes chaussures toutes rouges?
Pourquoi elles sont abîmées? Pourquoi t'en changes pas? Je
marquai un temps d'arrêt face a ce déluge de questions.
J'avais à peine fini ma phrase qu'elle avait changé de
sujet. Il n'y avait bien que les gamins pour faire ça.
-Mes chaussures sont bien comme ça,
c'est tout. Répondis-je. Je m'appuyai sur le muret et fixai
les plantes aquatiques, toutes rachitiques. Quelle merde...
-Pourquoi t'en demandes pas des autres
au père noel? Je me retournai, éberlué.
-Bien sur, le père noël,
comment n'y ai-je pas pensé! Je pense qu'il a assez avec vous
pour s'occuper de moi... Dis-je avec un sourire cynique. Et mes
chaussures me plaisent!
-Moi je lui ai demandé de
m'apporter ce qu'il veut!
Je me retournai vers elle et la
considérai un moment. Ce qu'elle voulait hein... ses parents
devaient se casser la tête à trouver... Elle descendit de
son perchoir et commença à sauter, comme si elle
dansait. Je retournai mon visage vers les eaux glauques de la ville.
-He bien espérons que tu ais ce
que tu veux... murmurai-je.
-Tu dit quoi?
-Rien... lâchai-je laconique.
-Ah, maman! cria-t-elle. Une femme lui
faisait signe dans la rue centrale.
-Viens ici tout de suite, c'est
dangereux!
-J'arrive! au revoir monsieur qui dit
des gros mots.
-Ouai... je regardai sa mère.
Connasse... pensai-je, je vais pas la violer... et puis c'est elle
qu'est venu m'emmerder. Elles s'en allèrent au détour
d'un magasin, la petite me faisait toujours des grands signes de la
main avant de disparaître. Je regardai le ciel.
-Il fait beau aujourd'hui...